Deux mosaïstes travaillent actuellement au mausolée de Bourgogne, pour redonner tout son éclat à cet exceptionnel monument funéraire richement décoré.
Par Valérie Coulet | Publié le 25/04/2018 à 18h30

Les mosaïstes Nathalie Chaulaic et Jérôme Clochard prennent soin des deux paons majestueux qui ornent le mausolée. – Remi Wafflart, Photographe: Remi Wafflart
Nathalie Chaulaic et Jérôme Clochard connaissent presque chaque centimètre carré du mausolée de Bourgogne, un monument funéraire de style néobyzantin qui abrite de magnifiques vitraux et mosaïques Art nouveau. C’est déjà la troisième fois que ces mosaïstes installés près de Toulouse et de La Rochelle interviennent à son chevet. Après avoir restauré la coupole centrale, ils se penchent, depuis mardi, sur les queues des deux majestueux paons qui ornent le tympan intérieur.
« Une œuvre d’une extrême finesse »
« L’œuvre que l’on doit au peintre orientaliste Georges-Antoine Rochegrosse, réalisée par l’atelier Remi Martin, est d’une extrême finesse », soulignent-ils, depuis l’échafaudage sur lequel ils travaillent de longues heures avec patience et concentration. Jérôme Clochard, qui a sauvé de nombreuses mosaïques d’exception un peu partout en France dont à l’opéra Garnier, estime même que le travail de Georges-Antoine Rochegrosse est comparable à celui de Giandomenico Facchina, le célèbre mosaïste français d’origine italienne du XIXe siècle à qui l’on doit les décorations des basiliques Notre-Dame de Fourvière à Lyon et Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.
Nathalie Chaulaic et Jérôme Clochard ont commencé à prendre soin d’un premier paon, en septembre dernier. Depuis mardi, et jusqu’à ce vendredi soir, ils restaurent le second gallinacé. « Au niveau de la queue, il y avait une lacune, c’est-à-dire un trou de 50 cm2. Le travail consiste à recomposer cette partie manquante », expliquent les mosaïstes. Après avoir consolidé le décor, en appliquant avec une colle réversible une sorte de gaze appelée tarlatane ou singalette, et en fixant dans les zones les plus fragiles des petits pitons, Jérôme Clochard a assemblé dans son atelier de Fouras les différents carrés de mosaïque. C’est cet ensemble reconstitué qui est aujourd’hui refixé dans le mausolée. « L’opération est délicate car les tesselles ou fragments de mosaïque utilisées pour ce paon sont très petites. Certaines d’entre elles mesurent à peine deux millimètres ! Il faut donc utiliser une pince très fine pour les manipuler… », souligne Nathalie Chaulaic.
« Pour trouver la couleur parfaite ou celle qui se rapproche le mieux de celle d’origine, je travaille avec un nuancier spécialement fabriqué pour l’occasion, l’idée étant bien sûr que les nouvelles pièces se fondent parfaitement dans cet ensemble aux couleurs très douces », poursuit Jérôme Clochard, en avouant être très impressionné par ce lieu qui « invite au silence et à la méditation ». Les nouvelles tesselles, dont certaines sont recouvertes de feuilles d’or, proviennent toutes d’ateliers italiens, situés près de Venise ou dans la région du Frioul.
« Il nous manque 120 000 euros »
Financé par l’Association de sauvegarde du mausolée de Bourgogne, le chantier de restauration se poursuivra du côté de la partie du cul-de-four, au-dessus de l’autel, à condition que de généreux donateurs mettent la main à la poche. « Il nous manque encore 120 000 euros », annonce Louis de Luca, le président de l’association qui se bat depuis 2012 pour sauver ce trésor marnais. Sur cette voûte qui rappelle la forme d’un four à pain, la mosaïque a été très endommagée par les infiltrations d’eau. On y voit une scène de la Trinité, avec Jésus qui se repose sur Dieu avec, autour d’eux, six anges et des nuages…
Valérie Coulet